Lettre février 2022

Le Hombu dojo est en pleine éclosion. Bien sûr, les fleurs du printemps vont incessamment projeter leurs merveilleux éclats mais, c’est bien du Hombu Dojo lui-même dont je parle.

Il va, au printemps briller de toutes parts. J’invite tous ceux qui ne l’ont pas vu depuis plusieurs semaines à y venir bientôt.

Il est vraisemblable que les restrictions sanitaires soient revues et que tous puissent participer aux nombreuses rencontres prévues ce semestre. Vous en trouverez la liste annexée à cette lettre. Rendez-vous sur aikido.fr et vérifiez les informations.

Grâce à votre incroyable générosité, tous les projets prévus pour ce quarantième anniversaire de 3A seront réalisés. Il manque encore un peu de financement mais, vu l’élan que j’ai constaté, je suis sûr que ceux qui n’ont pas encore pu répondre à notre appel le feront bientôt.

J’ai fondé 3A avec quelques élèves. Vous connaissez bien certains d’entre eux : l’un des fondateurs est un homme discret, André Paviot, époux de Marcella Shihan et père de Cinzia Shihan.

Lors de la fondation, certains disaient : l’académie 3A, celle des trois « Andrés » : André Maccario, André Paviot, André Cognard.

Dans le kototama, dans la langue japonaise, A est le son du commencement de la réalisation, le son de l’ouverture, de l’apparition. Ce fut vrai pour 3A et c’est un signe formidable que les trois Andrés soient encore là aujourd’hui.

Depuis des années, André Paviot a mis toute sa compétence et tout son temps au service de la transformation du Hombu Dojo.

Il travaille tous les jours, bénévolement, à construire, embellir, rénover votre Dojo. Qu’il fasse froid, qu’il pleuve ou que l’on soit écrasé par la chaleur, vous pouvez à coup sûr le trouver en train de veiller à l’évolution de votre Dojo.

C’est un signal très fort qu’un des fondateurs s’investisse autant dans ce qui pour moi est une refondation de 3A. A sa naissance, 3A était pauvre en argent, en histoire, en nombre de personnes.

Aujourd’hui, elle est riche de tous les espoirs que votre enthousiasme suscite, riche d’avoir construit le plus beau dojo que l’on puisse imaginer, riche de l’aide que vous tous apportez pour qu’elle soit recréée, renforcée sur des bases qui nous permettrons de la transmettre aux générations futures.

Le Hombu Dojo, expression concrète de votre puissance et de votre engagement, véhiculera le message de l’aikido Kobayashi comme étant par essence l’élan du cœur.

André Paviot incarne cette capacité à se donner à une cause, à se dédier et, il est en ce sens un des grands porteurs de ce message qu’il écrit avec ses mains, dans la pierre, dans la terre et dans le bois. Il est souvent aidé par certains d’entre vous que je remercie, et en particulier par Bruno Champale qui ne compte pas ses efforts, présent tous les jours au dojo, et Gaël Dupeyrat qui est là dès qu’il sent qu’il pourra être utile.

Un homme, un jeune dans la pratique, a rejoint l’équipe : Bernard Kaced. Vous ne le connaissez peut-être pas mais il a généreusement proposé son aide et sa compétence. Je tiens à le remercier, lui aussi.

Ce n’est pas rien d’avoir une telle équipe.

J’entends beaucoup de discours autour du désenchantement, du manque d’enthousiasme et de projet dans le monde d’aujourd’hui et je constate l’inverse. Des hommes, dont vous êtes, sont capables de démontrer le contraire, de faire vivre des idéaux, de donner de toutes les manières qui puissent être, d’êtres d’authentiques budoka et aussi, des mages et des fées.

Je vais vous faire une confidence : Marcella Shihan, ce grand professeur d’aikido, cette personne toujours disponible est, tour à tour, maçon, charpentier, balayeur, jardinier, manœuvre, et j’en passe. En plus des cours qu’elle y donne, elle travaille au dojo sans cesse, même quand les conditions sont très dures. Vous connaissez sa gentillesse, sa compétence incroyable en aikido, son extrême humilité. Savez-vous qu’elle est passionnée de Kyudo ?

Je veux que nous construisions un dojo de Kyudo dans le Hombu Dojo koen, non seulement pour la remercier des efforts immenses qu’elle fait pour notre école mais pour créer un lien profond, d’esprit à esprit, avec la pratique martiale la plus ancienne. Ainsi nous remplirons mieux notre mission d’ambassadeur de la culture japonaise mais ce sera surtout une manière pour notre voie d’aiki de donner à la voie de l’arc.

Il est important qu’une entité morale puisse exprimer sa générosité en tant qu’entité, agir comme personne morale pour créer du nouveau. C’est en étant capable de changer le monde dans lequel nous humains vivons que nous pouvons continuer à vivre. Quand nous ne pouvons plus être au service de l’expansion de l’univers, nous mourrons. Il en est de même pour les personnes morales. C’est pourquoi je souhaite que ce don à d’autres voies, comme nous l’avons fait depuis bien longtemps au Shôdô, devienne une valeur refondatrice de 3A.

En 1982, lors de sa création, 3A a suscité un enthousiasme certain mais, pour un nombre de pratiquants limité à mes élèves directs.

En 1984, j’ai décidé que nous ferions une action en direction du Japon et de sa culture. 3A, association balbutiante, a créé l’évènement à Lyon et au-delà. Dans un des hôtels les plus prestigieux de la ville de Lyon, nous organisâmes des expositions de raku, de sumi-e, un défilé de kimono, une démonstration et exposition d’ikebana géants, une démonstration d’aikido au grand palais des sports. Nous eûmes le patronage officiel de la Mairie de Lyon. Nous fûmes honorés de la présence à un diner officiel de l’attaché à la Culture, de Kobayashi Sensei et de Tamura Sensei.

Le tout petit poisson que nous étions avait réussi à faire bouger, par son enthousiasme et sa force d’engagement, un très gros lotus.

Calligraphie de Sakamoto Ryoma

Le résultat a été immédiat. 3A a doublé en nombre d’adhérents l’année suivante et ce n’était pas le résultat de la communication autour de l’évènement. Les troupes qui nous ont rejoint venaient de toute part. 3A n’était plus une association à la recherche de soi, elle avait trouvé sa force vitale comme on la trouve toujours : en donnant.

Mon objectif avec ce récit n’est pas de vous dire de donner à 3A. Vous l’avez fait, vous le faites depuis toujours. Il s’agit pour moi de montrer à quel point la profondeur du symbole, celle du langage universel est puissante et créative. Que l’aikido donne au Kyudo, au Shôdô, c’est faire usage de la parole de l’univers, celle que toutes les âmes, individuelles ou collectives, parlent.

J’espère que votre enthousiasme pour ce dojo de Kyudo sera égal au mien et que vous saurez l’exprimer quand Marcella Shihan fera le tir de la cérémonie d’ouverture de l’anniversaire des 40 ans de 3AKH.

L’aikijinja sera terminé à temps, le fabuleux sculpteur François Desforges aura terminé le sabre qui doit habiter l’aikijinja, le charpentier expert, Flavien Gaulard, aura livré le Ame no Tori Fune qui en sera la pièce maitresse, le Magatama est déjà au dojo, le Yatagarasu est entre les mains de Gildas Plessis, le cheval blanc est arrivé après avoir séjourné trois siècles dans un temple shinto et attend pour emménager que l’espace qui lui est dédié dans l’aikijinja soit réalisé. Le tengu de Kurama Dera sera là, vous surveillant tout en vous provocant, le kihon d’aikishintaiso sera écrit à tout jamais dans la pierre, toujours grâce à la puissance créatrice de François Desforges, et, dans le grand Dojo, Zao Gong Gen vous toisera de son regard courroucé, en compagnie de Fudô Myôô grâce au talent immense et à la générosité de Walther Sauermann.

Au kamiza du Dojo Vasquez dit le petit Dojo, seront placées trois calligraphies, écrites à dessein, que la grande Kofude Ougai nous offre pour cet anniversaire.

Grâce à vous tous, grâce aux efforts consentis par vous tous, cet anniversaire sera exactement ce qu’il doit être, une flèche tirée vers l’avenir, laissant derrière elle une trainée comparable à une météorite. Dévoilant le trajet qui guidera les futures générations vers la cible accrochée aux confins du monde qui, comme chacun sait, fuient constamment avec l’horizon universel, elle montrera à tous ceux qui répondront à l’appel de l’aikido, ce que Kobayashi Sensei visait quand il me suggéra de créer 3A.

Je vous remercie pour tout ce que vous avez déjà fait et ferez encore.

Yoroshiku onegai shimasu.

Cognard Hanshi

Retour en haut