Le covid ou la redéfinition des contours

Il n’est pas nécessaire d’être un grand expert en science médicale pour comprendre qu’une épidémie telle que celle qui a embrasé le monde dépend pour beaucoup de la promiscuité.

L’entassement des humains dans les espaces saturés des villes est une cause majeure de la propagation.

Chacun d’entre nous vit dans son corps, lequel véhicule son propre espace. Mais il est un espace très important du point de vue symbolique, du point de vue psychologique et du point de vue biologique, le virus nous l’a rappelé, c’est l’espace péricorporel.

Celui-ci porte à la fois de l’inconscient hérité des systèmes dont l’individu est issu et fait signe et sens en posant des frontières dont la proximité avec le corps diffère selon leur position par rapport à celui-ci, et aussi, en fonction de qui ou quel élément de l’altérité s’en approche ou la franchit.

Cet espace péricorporel est porteur d’une partie de la fonction identitaire du corps et le franchissement de certaines limites met en danger l’identité.

L’horrible promiscuité à laquelle sont exposées les personnes dans les transports urbains surchargés provoque des situations qui sont vécues intérieurement comme des effractions, même si l’individu peut opposer un raisonnement objectif par rapport à la situation. Vivre cela régulièrement, c’est vivre en danger constamment, d’autant que certaines distances sont ce que nous nommons des distances de mort dans le budo, c’est-à-dire des distances dans lesquelles il est quasiment impossible de défendre sa vie en cas d’agression. L’espace péricorporel est « gradué » et peut accueillir les autres, en fonction des liens existant entre soi et eux. Mais, il est un équilibre qui doit être maintenu. Trop d’autre dans l’espace proche est une menace qui active les réflexes défensifs agressifs d’où la violence en plein essor dans les cités monstrueuses de notre société. Cela est vrai aussi pour notre espace vital en général et la densité de certaines villes est insupportable et crée des souffrances de tous ordres.

Je pense donc que le virus a imposé une redéfinition des contours de l’espace péricorporel et réinstallé une frontière qui rétablit la fonction principale du dit espace.

Cela incite de nombreuses personnes à revoir leur cadre de vie, car, votre espace de vie, votre maison, les dimensions de vos lieux de travail, tout cela fait partie de votre espace péricorporel.

Tirons-en une leçon pour que ce maudit virus montre sa face cachée, moins hideuse que celle à laquelle on nous a déjà presque habitués. Redéfinissons nos frontières.

J’entends dire que des personnes ont été tellement terrorisées par le battage médiatique et le rabâchage politique de contradictions rendant toute défense rationnelle impossible, qu’elles n’osent plus sortir de leur confinement.

Pourtant, le covid n’est pas une rareté et des virus circulent librement et sans que l’on en ait connaissance. Peut-être entendrais-je là l’objection : on n’en parle pas parce qu’ils n’ont pas démontrer leur dangerosité. C’est vrai : qui a entendu parler du covid 19 avant décembre 2019. Pourtant il était déjà là. Il est temps de prendre conscience que le respect des distances est un élément de sécurité et, par conséquent, si les mesures principales sont appliquées, nous n’aurons jamais été aussi en sécurité dans les villes qu’à présent.

Cette question des distances ne concerne pas que les distances physiques. La familiarité qui a pris le pas sur toute autre forme d’échange sauf dans des circonstances très exceptionnelles, très solennelles ou très professionnelles, est tout aussi dangereuse pour la santé humaine. Quand la confusion des générations, celle du privé et du public, celle de la vraie famille et de l’étranger à celle-ci, gouverne, alors, c’est la différence entre moi et l’autre, le dernier rempart qui est aboli. Dans la promiscuité, plus de frontière symbolique : l’autre est devenu une menace permanente.

Pour comprendre à quel point cette menace touche certains individus, il suffit de voir les regards de terreur que des masques sans expression n’arrivent pas à cacher. La peur de l’autre est là, elle est devenue ce qui définit une norme comportementale et réintroduit la notion de distance. Dommage ! ce n’est pas la peur qui doit établir la distance, c’est le respect d’autrui manifesté par les limites que l’on se donne, que l’on donne à son propre espace pour ménager celui des autres.

Dommage d’y être forcé, car la peur fera reculer la frontière au-delà du possible et quand celle-ci ne pourra plus reculer, l’élimination de l’autre se profilera comme solution possible pour répondre à cette peur.

Vous, aikidoka n’avez pas peur d’autrui. Vous savez démontrer du respect et vous sentez quelle est la bonne distance dans toute situation. Alors, profitez de cette « crise crise crise », trois fois crise signifie opportunité, pour vérifier chacune de vos distances et mesurer le respect que vous exprimez.

Et profitez-en aussi, si vous vivez des conditions de promiscuité, pour vous redéployer.

Alors, si nous faisions un travail de redéfinition des contours de la posture.

Programme d’aikishintaiso pour déconfiner dans l’allégresse.

Faire le kihon debout, le misogi et les cercles de bras.

Puis une marche latérale en kiba dachi pendant cinq minutes, une marche en archer pendant cinq minutes et une marche du cadeau à l’Empereur sur une spirale concentrique et excentrique 5 mn.

Pour ceux qui sont mordus de ken, couper les quatre directions puis les huit puis les quatre puis les huit, ainsi pendant le temps qu’il vous plaira mais avec une forte détermination.

Profitez-en pour couper les barreaux de la cage.

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