Colloque – Se libérer de la violence

Vendredi 31 janvier 2025 de 14h30 à 19h30 se tiendra un colloque ayant pour titre : « Se libérer de la violence ». Ce colloque s’inscrit dans une démarche, initiée par l’Académie Autonome d’Aikido Kobayashi Hirokazu, de promotion de la philosophie et de la pratique de la non-violence, dont une étape significative fut l’organisation d’une semaine consacrée au même objet en février 2022, avec pour point d’orgue une matinée de conférences et d’échanges au sein de l’hémicycle du Conseil Régional d’Auvergne Rhône-Alpes1.

Ce colloque donnera la parole à trois éminents penseurs2, qui partagent le même refus, radical, de la violence : André Cognard, Marc Crépon et Christophe Dejours3 font en effet de ce refus un principe pour la pensée, la parole et l’action. Porteurs de traditions différentes – les arts martiaux et les spiritualités asiatiques pour André Cognard ; la philosophie et la littérature pour Marc Crépon ; la médecine, la psychanalyse et le monde du travail pour Christophe Dejours -, ils pourront ainsi présenter leur parcours et confronter leurs perspectives et leurs propositions théoriques et pratiques sur l’origine ou les causes de la violence, les moyens de sa sublimation et le sens de la non-violence, ainsi qu’échanger avec le public.

Ils apporteront leurs réponses aux questions : qu’est-ce que la violence ? Dans quelle mesure est-elle explicable ? Pourquoi l’estimer injustifiable ? Peut-on, et comment, s’en libérer ? Qu’entendre au juste, conceptuellement et concrètement, par « non-violence » ?
Tous trois étant animés d’une foi indéfectible dans le même idéal et ayant accumulé un trésor d’expériences et de réflexions, voilà une belle opportunité de bénéficier de leurs lumières et de leur engagement !

Denis Guillec

NB :

– ce colloque se déroulera de la manière suivante : chacun des conférenciers interviendra une heure (45 minutes d’exposé et 15 minutes d’échanges avec le public), avant de confronter ses vues avec celles des deux autres dans un dialogue d’une heure (45 minutes entre eux et 15 minutes avec le public). Entre l’exposé des deux premiers et celui du troisième se tiendront une pause-café et une séance de signatures de 45 minutes. Une participation aux frais, d’un montant de 10 euros, sera demandée lors de l’inscription.
– voici le lien vers le site d’inscription :
https://www.helloasso.com/associations/maison-ume/evenements/colloque-se-liberer-de-la-violence

Présentation des intervenants :

André Cognard est Maître d’aikido, d’armes et d’aikishintaiso, fondateur de l’Académie Autonome d’Aikido Kobayashi Hirokazu, détenteur du titre de Hanshi et membre de l’Ordre du soleil levant au Japon, auteur de nombreux ouvrages.

« Les racines de la violence sont dans l’infra-verbal. Depuis la préhistoire, aucun changement ! Les mémoires ancestrales et les mémoires génétiques disent que la violence paie. Nos sociétés l’imposent comme mode de vie. »1  Voilà de quoi désespérer celui qui n’a pour ressources que ses mots et sa volonté – que peuvent les beaux discours et les bonnes intentions face à la violence des passages à l’acte ? – , mais qui n’effraie pas Maître Cognard, lequel, convaincu que « la maîtrise du corps par la pensée est une illusion qui ne résiste pas à l’expérience martiale »2, propose une autre voie pour enrayer le cycle de la violence : la voie du corps. Ainsi, il écrit dans L’harmonie efficace, titre révélateur de la nature et du but de l’art qu’il enseigne : « c’est bien la voie du corps que j’ai suivie et c’est bien la voix du corps qui parle ici »3.
Ce faisant, il s’inscrit dans les pas de son Maître, Kobayashi Hirokazu, qui considérait que « la voie conduisant à la paix passait par une éducation du « corps-esprit »»4, leçon inspirée de son Maître, Ueshiba Morihei, fondateur de l’aikido, art martial non-violent, dont le nom même signifie « voie de l’harmonie et de l’énergie ». L’aikido, loin d’être « un sport » est « un art de la paix », une voie spirituelle : «la voie de l’aiki est  une manifestation d’amour »5 et « la voie du guerrier, c’est d’établir l’harmonie »6. Une harmonie personnelle, sociale, politique, cosmique.

La violence humaine naît, selon Maître Cognard, d’« une faille identitaire », qui conduit le sujet, individuel ou collectif, apeuré et saisi d’une angoisse de dispersion, à se poser en s’opposant : quel meilleur allié pour le trouble identitaire qu’un ennemi ?! Tant que la conscience mentale éprouve la nécessité de se représenter à elle-même, elle se condamne à tenir pour objet tout ce qui n’est pas elle, y compris le corps dont elle émane. Comment pourrait-elle dès lors reconnaître la subjectivité d’autrui ? En ce sens, « toute violence est un échec de la conscience. »7
L’insécurité existentielle de la conscience est encore nourrie par les mémoires, dont le corps est porteur : « mémoire génétique », « mémoire épiphylogénétique » et « mémoire somatique ». Incarnant « la mémoire de la totalité universelle jusqu’à la conscience mentale individuelle»8, le corps est imprégné de toutes les violences héritées, qu’elles soient naturelles ou culturelles. Face à l’adversité, il réagit par réflexes primaires – la fuite, l’agression ou la sidération -, ou secondaires – se soumettre, dominer, dénier -, en fonction de ses traumatismes spécifiques. Violence individuelle ou sociopolitique, passive ou active, contre soi ou contre autrui, violence encore et toujours.

Maître Cognard, contre tout fatalisme, affirme que « le budo nous indique le chemin d’ennemi à adversaire, d’adversaire à autre, puis d’autre à ami ou frère »9 et que ce chemin passe par la capacité à convertir la violence en « conflit créateur ». Se défaire de la violence implique alors de comprendre que la violence est un langage, que « toute agression est une demande d’aide, une demande d’amour»10 et que l’attaque est une opportunité de co-action et de co-libération. « Nos ennemis sont là pour nous aider à nous reconquérir quand les progrès sont si difficiles que nos amis ne peuvent plus rien pour nous . »11
S’engager dans une telle voie exige, de toute évidence, un immense travail physique et spirituel. L’aikishintaiso, littéralement la gymnastique d’harmonisation de l’énergie vitale et de l’esprit, est un « art martial intérieur » proposant une libération de l’être par le corps, au moyen d’exercices de méditation, de posture, de marche, d’équilibration etc, destinés à repérer et à soigner les stases, saturations et blocages, générés par les traumatismes subis et conduisant à la violence. L’aikido vise à acquérir une attitude et des techniques permettant de ne pas répondre à la violence par la violence. Dans les deux cas, le savoir-faire dépend du savoir-être : « polir l’ego », agir depuis son centre, laisser le corps assumer la fonction identitaire, autrement dit renouer avec ce que Maître Cognard appelle le « je ontologique ».

Maître Cognard promeut ainsi, afin de vivre et de « gouverner sans violence»12, la voie du « corps émancipateur » : progresser du « corps mémoire » au « corps conscient », puis au « corps philosophe ». À force de ritualisations et de symbolisations, « la non-violence doit devenir structurelle pour la conscience (…) Alors, la réponse automatique devient : « la violence paie moins que l’harmonie » »13.

1) Aikido. L’enseignement secret d’un disciple de Morihei Ueshiba, éd. Dervy, 2019, p. 84
2) Idem, p. 130
3) L’harmonie efficace, éd. Centon, p. 15 
4) Aikido. L’enseignement secret d’un disciple de Morihei Ueshiba, p. 85 
5) Takemusu aiki, éd. du Cénacle, Vol II, p. 93 
6) L’art de la paix, éd. Trédaniel, 2005, p. 103
7) L’harmonie efficace, p. 14
8) Le corps philosophe, éd. Centon, 2003, p. 320
9) Vivre sans ennemi, éd. Le relié, 2004, p. 40
10) L’esprit des arts martiaux, éd. Albin Michel, 2003, p. 162
11) Le corps philosophe, p. 115
12) Titre d’un ouvrage à paraître
13) Aikido. L’enseignement secret d’un disciple de Morihei Ueshiba, p. 87

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Marc Crépon, normalien, agrégé et docteur de philosophie, ancien Directeur du département de philosophie de l’ENS, Directeur de recherche au CNRS, est l’auteur d’une œuvre abondante, dont le foyer se trouve dans le refus de la violence sous toutes ses formes, notamment langagières.

Marc Crépon se méfie aussi bien de l’analyse de la violence par ses causes, qui s’abîme en disputes interminables ou qui finit, souvent et insidieusement, par la justifier, que de la tentation de l’essentialiser, qui l’éternise. Il soutient ferme que la violence ne peut se comprendre que par ses manifestations concrètes – ce sont toujours des vies singulières qui en pâtissent -, que le discours philosophique peut occulter par ses abstractions et que la littérature peut dévoiler pourvu qu’elle sache se défaire des habitudes linguistiques établies. À ses yeux, la violence se définit par ses effets, qui sont, d’une part, la destruction de la confiance de l’homme en son milieu, en autrui et en soi, confiance sans laquelle nulle humanité ni même vie n’est possible, et, d’autre part, la réification de la subjectivité, qui s’accompagne de l’étouffement de la liberté et de l’élimination de l’altérité. En tous cas, la violence signe la défaite du monde.

Inlassablement, de livre en livre, Marc Crépon traque, débusque et exhibe ce qui nourrit la violence et qu’il nomme « le consentement meurtrier », c’est-à-dire « tout accommodement avec la mort violente, toute accoutumance au meurtre, toute transaction, en réalité intenable, avec les principes qui devraient en exclure la moindre acceptation, quelles qu’en soient les victimes »1 . De « la résignation passive » à « la participation active », « nul n’échappe à ce consentement meurtrier »2 . Si chaque individu y est impliqué, que dire des États obéissant, dans les affaires intérieures et extérieures, à la politique dite « réaliste », la seule, à dire vrai, institutionnellement approuvée ? Fière de son pragmatisme et sûre de sa violence légitime, elle s’ingénie à entretenir «  la culture de la peur », « la culture de l’ennemi » et « la fabrique de la haine », lesquelles ne vont pas sans « une géographie de la vulnérabilité et de la mortalité », telles souffrances valant plus que telles autres, et tels morts moins que tels autres : car enfin, entre deux violences, ne devons-nous pas choisir ? La langue officielle se charge de le répéter, promouvant les violences ou guerres « justes », conduisant à « la sédimentation de l’inacceptable » dans le coeur et l’esprit des hommes. La violence ? C’est ainsi.

Comment, dès lors, ne pas verser dans le nihilisme contemporain, fait de l’acceptation des injustices et de la « mélancolie de l’histoire », voire dans la séduction des populismes de droite et de gauche actuellement exacerbés ? Une voie est frayable, nous dit Marc Crépon, une voie difficile et radicale, qui, se détournant du pacifisme, du fatalisme et de l’activisme, exige un « engagement absolu contre la violence »3 . Il s’agit de « faire du refus de la violence un principe du jugement, de la pensée et de l’action »4 . Mais quel est le fondement même de ce principe ? Rien d’autre que notre capacité à répondre du « consentement meurtrier » et notre obligation à assumer « la responsabilité de l’attention, du soin et du secours qu’appellent de partout et pour tous la vulnérabilité et la mortalité d’autrui »5. Rien d’autre à opposer au « nihilisme de notre temps » que l’exigence morale. Voilà qui réclame toute notre vigilance.

Face à l’emprise du consentement meurtrier, Marc Crépon cherche des « voies de dégagement » : porter la parole des « grandes voix » de la non-violence (Gandhi, Luther king, Mandela, etc) ; cultiver les affects sociopolitiques de « révolte », de « bonté », de « honte », etc ; défendre et soutenir les mouvements associatifs au service de la solidarité en acte ; interpeller le législateur en vue d’une démocratie plus participative. Sachant que « la violence appartient par essence aux usages les plus familiers du langage comme à son apprentissage »6, il consacre une part notable de son travail à l’édification d’une contre-parole, qui emprunte la voix critique de la philosophie et celle testimoniale de la littérature. Son ambition la plus vive demeure d’articuler politique et morale en une « éthicosmopolitique », déployant « une politique des singularités », fondée sur le principe éthique du refus inconditionnel de la violence et visant à faire toujours mieux monde.

Alors, que pouvons-nous et devons-nous, « nous mortels », dire et faire face à la violence ? « Ne rien justifier et tout contrer »7, car « ne rien faire, ne rien dire, s’interdire de ressentir, parce que rien ne changera jamais, c’est toujours un peu consentir »8. Quiconque éprouve «aujourd’hui « le désir de résister » ne peut l’ignorer : « Résister, c’est donner à voir et c’est faire connaître un refus »9. Et c’est aussi oeuvrer à cette éthique de l’attention et du soin, sans laquelle l’humanité n’est qu’un mot.

1) Le consentement meurtrier, p. 10, éd. Du Cerf, 2012
2) Idem, p. 240
3) Sept leçons sur la violence, p. 206, éd. Odile Jacob, 2024
4) L’épreuve de la haine, p.10, éd. Odile Jacob, 2016
5) Idem, p. 245
6) La vocation de l’écriture, p. 9, éd. Odile Jacob, 2014
7) Sept leçons sur la violence, p. 208
8) Le consentement meurtrier, p. 12
9) Le désir de résister, p. 225, éd. Odile Jacob, 2022

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Christophe Dejours est psychiatre, psychanalyste, professeur émérite à l’Université de Paris Nanterre, fondateur de la psychodynamique du travail, directeur scientifique de l’Institut de psychodynamique du travail, auteur de nombreux ouvrages.

Clinicien, Christophe Dejours a pu constater, dans sa pratique, que « le psychosomaticien, c’est indiscutable, a maille à partir avec la pulsion de mort »1 et « le vacarme spectaculaire des comportements violents. Pas seulement la violence extraordinaire des pathologies psychiatriques (crises clastiques, etc), mais aussi la violence ordinaire (des hommes qui frappent les femmes, des parents qui tyrannisent les enfants, etc) »2. La violence peut d’ailleurs toucher le psychanalyste de manière silencieuse et insidieuse, par exemple quand le patient exerce lors du transfert une tentative d’emprise sur l’analyste, l’acculant à ne pouvoir bouger, parler, voire penser, ce que Christophe Dejours nomme une « tyrannie de la minéralisation»3. Très tôt, il a émis « l’hypothèse de la violence réprimée comme processus central de la somatisation »4 et demandé à « accorder à la violence une place spécifique dans le fonctionnement psychique ; aussi importante qu’au désir »5, ce qui n’est pas peu.
Dès lors, « d’où l’homme tient-il ce pouvoir de violence ? »6 Révisant son adhésion initiale à l’affirmation bien établie de la bestialité de la violence, Christophe Dejours reconnut vite l’irréductibilité de la violence humaine à l’instinct animal : « la violence individuelle, ce pouvoir de démesure, l’homme le tient du sexuel »7, c’est-à-dire de l’histoire affective du sujet, ce qui explique qu’elle ne relève pas du besoin et se révèle illimitée, comme la puissance fantasmatique qui la nourrit. Son origine est donc à chercher dans les accidents de « la subversion libidinale », par laquelle le « corps biologique » se double du « corps érotique », spécifiquement humain. L’apport conceptuel majeur de Christophe Dejours à la théorie psychanalytique et à la métapsychologie tient dans l’élaboration d’une « troisième topique » ou « topique du clivage », qui distingue de « l’inconscient sexuel » un « inconscient amential », « formé en contrepartie de la violence exercée par les parents contre la pensée de l’enfant »8, et qui est destinée à mieux comprendre, voire guérir les échecs de cette sublimation et leurs effets.

En tant que psychodynamicien du travail et intellectuel spécifique, Christophe Dejours a montré la fausseté, la violence et la bassesse de toutes les organisations du travail ignorant « les facteurs humains » et prétendant réduire « le travail vivant » au « travail prescrit » . Sa critique vaut, bien sûr, pour l’ingénierie soi-disant scientifique du travail (Taylorisme, toyotisme), mais surtout pour le « tournant gestionnaire » du début des années 1990, manifeste dans le New public management, dont il a mis en lumière l’abjecte brutalité, pouvant mener, à force de harcèlement, au suicide du salarié sur son lieu de travail. Ses concepts d’« usure mentale » et de « souffrance éthique » au travail sont désormais bien connus et efficaces. Comment ne pas voir dans cette aliénation systématisée du travailleur, sinon le rejeton du néo-libéralisme prônant l’universelle concurrence de chacun contre tous, du moins une logique de la domination poussée à son extrême, qui entraîne notre civilisation à « la décadence »9 ?
Philosophe refusant tout fatalisme, Christophe Dejours affirme « la centralité du travail » : « le travail vivant et la coopération sont et ont toujours été les racines nourricières de la culture et de la civilisation. »10 Il défend donc toute organisation du travail favorisant l’initiative individuelle, puisque « c’est dans le travail que le génie de l’intelligence est convoqué et c’est par lui qu’il se révèle »11, et facilitant la coopération horizontale, verticale et transverse, capable de familiariser le travailleur avec l’édification de règles non seulement de métier mais encore déontiques, de l’exercer à une authentique « pratique de la démocratie »12. Permettant de s’accomplir et d’« honorer la vie » par la participation à l’oeuvre commune, le travail semble bien le vecteur premier de la culture.

Au coeur de la recherche de Christophe Dejours se loge une « anthropologie de la sublimation » : n’étant pas « l’apanage des « grands hommes »»13, la sublimation, « ce que l’âme humaine recèle en elle de meilleur »14, conditionne, dans l’ordre psychique, la santé créative, et, dans l’ordre socio-politique, la culture humaine. Les parents ou les adultes violents la mutilent ou l’anéantissent et les institutions dominatrices l’empêchent autant que possible : n’est-elle pas alors la voie à restaurer, à emprunter et à promouvoir pour « conjurer la violence »15 ?

1) Les dissidences du corps, éd. Payot, éd. de poche 2017, p. 78 ; première édition, 1989
2) Le corps, d’abord, éd. Payot, éd. de poche 2018, p. 154-155 ; première édition 2001
3) Les dissidences du corps, p. 100
4) Le corps, d’abord, p. 77
5) Idem, p. 79 
6) Idem p. 158 
7) Idem
8) Idem, p. 85
9) Ce qu’il y a de meilleur en nous, éd. Payot, 2021, p.167
10) Idem
11) Idem, p. 29
12) Titre d’un livre à paraître chez Vrin
13) Ce qu’il y a de meilleur en nous, p. 47 
14) Idem, p. 17
15) Conjurer la violence, éd. Payot, Poche 2019 ; 1° édition 2007 

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